QUATRAINS MORAUX.

Deuxième série de 12 à 22.

 

.12.

Tout annonce d'un Dieu l'eternelle existence ;

On ne peut le comprendre, on ne peut l'ignorer :

La voix de l'univers annonce sa puissance,

Et la voix de nos coeurs dit qu'il faut l'adorer.

 

.13.

De la tendre amitié pour goûter les délices,

Il faut par la vertu que les coeurs soient unis.

L'homme vertueux seul peut avoir des amis ;

Les amis du méchant ne sont pas que ses complices.

 

.14.

Combien on doit aimer ses frères et ses soeurs !

Que ces liens sont doux ! Ensemble, dès l'enfance,

Unis par les devoirs, unis par la naissance,

Où trouver des amis et plus sûrs et meilleurs ?

 

.15.

Il ne se faut jamais moquer des misérables ;

Car qui peut s'assurer d'être toujours heureux ?

Les autres, à leur tour, seront impitoyables,

Si vous n'avez été compatissant pour eux.

 

.16.

A quoi vous servirait d'avoir de la richesse,

Si ce n'était, enfants, pour aider le prochain !

Logés, vêtus, nourris avec delicatesse,

Songez combien de gens n'ont pas même de pain !

 

.17.

Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde :

On a souvent besoin d'un plus petit que soi.

Reçoit-on un bienfait, qu'un bienfait y réponde.

Il se faut entr'aider, c'est la commune loi.

 

.18.

Tous les biens d'ici-bas, la santé, la richesse,

Dépendent-ils de nous ? on les doit au hasard.

Un instant les détruit ; on les perd tôt ou tard :

Le seul bien qui nous reste, enfants, c'est la sagesse.

 

.19.

De l'émulation distinguez bien l'envie :

L'une mène à la gloire, et l'autre au déshonneur.

L'une est l'aliment du génie,

Et l'autre est le poison du coeur.

 

.20.

La politesse est à l'esprit

Ce que la grâce est au visage :

De la bonté du coeur elle est la douce image,

Et c'est la bonté qu'on chérit.

 

.21.

Qui s'élève trop s'avilit :

De la vanité naît la honte.

C'est par l'orgueil qu'on est petit ;

On est grand quand on le surmonte.

 

.22.

Fuyez l'indolence paresse ;

C'est la rouille attachées aux plus brillants métaux.

L'honneur, le plaisir même est le fils des travaux :

Le mépris et l'ennui sont nés de la molesse.